jeudi 15 décembre 2011

About a girl (With a dragon tattoo)


Le voilà sous mes yeux, la lumière s'éteint, Fincher, opus 9.

Cette critique comporte énormément de spoilers sur le film, ne la lisez pas si vous souhaitez vous préserver. (vous pouvez, pour un avis, lire uniquement le dernier paragraphe)

On ne s'attardera pas ici sur la mise en scène, sur la photographie, les costumes, sur tout le détail, parce que c'est un Fincher, réalisateur maniaque qui parvient à rendre à l'écran ce qu'il voit. Tout cela est parfait, comme d'habitude. Penchons nous un peu plus sur le sens, l'envie, la valeur ajoutée du film et de Fincher face au livre.

Dès la première image, le film impose un silence, un de ces silences bien à lui, deux vieux parlent d'un objet, une conversation en apparence banale, une obsession qu'ils partagent, bien à eux. Puis le film enchaîne sur un générique furieux, bondien, mettant en image la fureur, les tatouages, les câbles, les ordinateurs, l'univers mental de Lisbeth, tandis que résonnent les paroles d'Immigrant Song.

L'an dernier, en apprenant le choix de Fincher de filmer la nouvelle adaptation du roman de Stieg Larsson, j'étais étonné et déconcerté. Puis, à la lecture de l'opus, j'avais entrevu dans le roman des éléments qui faisaient le lien entre ce best-seller suédois et l’œuvre en 7 films (alors) du cinéaste, mais également des actes manqués de l'artiste, comme son adaptation longue du Dahlia Noir d'Ellroy...

J'ai retranscrit tout cela dans ce texte pour filmdeculte. Invité à voir le film en avant première, j'ai eu la possibilité de confirmer tout cela, et bien plus. Millenium ne ressemble à aucun Fincher, et en même temps, on y rencontre sans arrêt les fantômes de ses précédents films. Commande de studio plus que film personnel (j'aime le terme de réappropriation), il condense et rapproche les cinémas de Fincher. Comme sur notre début, deux forces antagonistes s'opposent pour mieux se compléter, d'une part le féroce et violent réalisateur des débuts, et d'autre part le cinéaste assagi d'aujourd'hui.

Fincher a tourné avec Millenium des rencontres...


Celle de Michael Blomkvist et Lisbeth Salander. Lui est un homme solide, posé, fort, qui se retrouve soudain perdu et qui décide de s'isoler, non pas pour abandonner, mais pour rebondir, se refaire, redevenir pour lui cette figure solide qu'il affiche aux autres. Elle est un animal blessé qui a appris à se battre pour survivre, malgré les obstacles, le passé, la violence des hommes, son corps frêle, avec pour seule arme son intelligence et son tempérament, cette rage intérieure. La rencontre de ces deux personnages fait écho à celle des deux faces du cinéaste.
Face à Lisbeth menaçante, filmée en contre-plongée, hurlant sa folie à l'homme qu'elle torture, on repense à Tyler Durden. Face à Michael Blomkvist travaillant sur des photos sur son ordinateur, mettant le doigt sur un élément invisible aux autres, on revoit Robert Graysmith décryptant les œuvres du Zodiac.
Le film est ainsi au début, mêlant en alternance le quotidien de Lisbeth (sans attache, victime, puis vengeresse), et l'enquête de Blomkvist qui piétine. Fincher rompt d'ailleurs avec le livre en entrecroisant leurs parcours, pour mieux faire sentir leurs différences et pour mieux les rapprocher, là où Larsson séparait les deux héros de façon plus franche. Cette rupture déconcerte, mais fait sens. Fincher n'omet jamais, d'ailleurs, d'inscrire son récit dans l'ensemble de l’œuvre de Larsson, subrepticement, comme pour entourer ses héros de ceux qui les définissent, pour mieux accentuer le force de la rencontre, définir ce qui séduira Lisbeth, ce qui fascinera Michael. Cette rencontre, c'est le cœur de ce premier volet, le pourquoi du reste. C'est une histoire improbable, impossible, celle de deux versions d'un même modèle, du héros Fincherien en quête de sens...


Millenium, c'est aussi la rencontre des deux héros avec un pays, une histoire, incarné par la famille Vanger. Un premier choc (avant la suite des évènements) pour mieux cerner ce qui est le cœur de l’œuvre du journaliste Larsson, qui a sûrement fasciné le cinéaste. Tout ce qui est pourri au cœur de l'histoire d'un pays. "Il n'y a pas d'innocents, il y a cependant des degrés de responsabilité." disait Larsson.
Deux instants du film illustrent le propos. La première, anecdotique, montre les réticences de l'avocat des Vanger à ouvrir les archives familiales à Lisbeth et Michael, prétextant qu'en 180 années d'activité, il y avait énormément de choses à cacher. La seconde, probablement l'une des plus belles scènes du film, voit Blomkvist rencontrer le frère d'Henrik, ancien nazi, qui vit dans les vestiges de sa gloire passée sous l'uniforme. C'est dans cet instant plus qu'ailleurs que l'on voit soudain, le temps d'une scène, s'étaler la haine viscérale et la rancoeur face au reniement de l'histoire du pays, ses erreurs...Ou comment la Suède vit avec son passé, remué une nouvelle fois par l'électrochoc qu'incarnent les deux héros à leurs manières. En cela, la fuite d'Harriet, au cœur du film, comme le sous-sol de Martin, traduisent deux possibles, celle qui fuit la figure du passé (le père) et celui qui reste, hanté par ses fantômes (on pense ici aux deux frères Von Orton de The Game).
L'enquête participe également de cet affrontement avec le passé. En creusant le passé de l'entreprise Vanger, Larsson retranscrit l'horreur d'une façon de considérer le monde, le rapport des puissants à l'autre. En cela, la longue scène avec Martin Vanger est un véritable prodige, porté par Stellan Skarsgard, magnifique monstre qui en une séquence parvient à construire ce genre de personnage que Fincher capture avec tant de maestria, comme l'entretien avec John Doe dans la voiture de Se7en ou la rencontre avec Arthur Leigh Allen dans Zodiac. Un certain regard sur le mal, sur son existence, sa justification, son horreur froide...


On prend également conscience de cette rencontre par l'irruption de la musique de Trent Reznor et Atticus Ross dans le film, l'un des éléments clés du film. Omniprésente, son apport est ici considérable. Elle parait dissonante au début du film, avec son agressivité électro au milieu de ce lieu enneigé et calme, comme pour nous rappeler les paroles d'immigrant song "How soft your fields so green can whisper tales of gore" du générique de début, comme pour signifier l'ambition de déterrer, d'amener l'intrus dans la solennité. Et de cette dissonance émerge un nouveau rythme, comme si le film s'y pliait, comme si le contraste nous apparaissait également à l'écran, en découvrant ce qui se cache sous la neige..."What is hidden in the snow, comes forth in the thaw".


Et derrière les meurtres, derrière l'horreur, il y a ce titre, "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes". On sent ce qui fascine Fincher lors de la scène finale: Lisbeth. C'est vers elle qu'il revient. Il n'est pas question de guerre des sexes, mais de dresser un portrait, celui d'une femme. Rare sont les femmes chez Fincher. Pourtant, de Ripley à Meg Altman dans Panic Room, elles sont très proches : entourées d'hommes, enfermées, et pourtant luttant jusqu'au bout pour s'affirmer, sans renier leurs féminité, en la préservant à tout prix, même sous le masque. Lisbeth est de ces femmes-là. Incarné par Rooney Mara, elle est aussi vibrante et fabuleuse que dans le livre, regard acéré, faiblesses, forces, haine et peur. On sent l'amour de Fincher pour Lisbeth, un regard avec cette forme de compassion qui lui est propre, jamais facile, jamais larmoyante, mais qui parvient à remuer. Button, son incapacité sociale, son "handicap", la conscience de ses limites, est presque le personnage de Fincher le plus proche du cœur de Lisbeth, ce que Fincher a placé en elle. La fin (et la reprise d'Is your love strong enough) me hante, un peu comme celle de Benjamin Button en son temps. Une fin à la fois ouverte et qui dans le même temps, conclut parfaitement le tout. Un de ces finals qui terrasse, comme Fincher sait si bien les faire.

Pour conclure, l'opus 9 de Fincher est un peu comme le livre qu'il adapte. Difficile à attaquer, ne se donne pas facilement, traîne sur la fin, mais dont on ne peut détacher les yeux, qui se révèle fascinant. Fincher livre un film imparfait, peut-être trop indigeste...mais qui contient des instants, des détails, qui le singularisent, en font un film atypique, fort dans ce qu'il possède. A défaut d'être un accomplissement parfait, comme son précédent film, Millenium est de ces œuvres qui vieillissent bien pour certains comme elles sont oubliées par les autres.

J'ai un faible pour ce genre de films.

lundi 12 décembre 2011

Baston de films aux USA (prono fin d'année)

Aux USA, après un début décembre bien calme va débouler la tempête de films de fin d'année.

Et de tempête, c'en est une vrai puisque tous les films qui sortent sont des potentiels cartons et que TOUS sortent en 9 jours de temps.

En effet, ces dernières semaines n'ont pas vu le box office US fleurir mais au contraire, ça nivelle vraiment par le bas. Mis à part Twilight, tous les films se mangent un peu le trottoir.

Happy Feet 2, notamment, a complètement déçu les attentes, la suite venant trop tardivement et le film souffrant de sortir le même jour que le rouleau compresseur vampirique. Résultat, une fin de carrière autour des 70 millions, soit le budget café des attachés de presse du film...

Les Muppets, après un démarrage carton, s'est aussi effondré, et bien que le budget soit tout petit (quoique la dépense promo non dévoilée doit bien gonfler l'enveloppe de Disney), on reste dubitatif quand le film perd quasiment tous ses spectateurs dès la seconde semaine. Et si on pensait voir le film aller tranquille vers les 100 millions, il se contentera de 70 pareil que les pingouins.

Et les autres ne vont pas mieux: le cheezy film de Gary Marshall avec son all star cast vient de se prendre un gros gros vent dans la poire avec un démarrage à 13 millions (soit le budget des agents de toutes les stars melons du film), Hugo se Scorsese avec la 3D en bonus ne marche pas du tout (et lui aussi a couté très très cher), Sandler se prend un bide violent avec son dernier nanar, Stiller et Murphy n'ont pas exalté les foules avec Tower Heist, Di Caprio n'a pas sauvé le Eastwood J.Edgar du flop...

Bref, c'est la Bérézina...D'où la question: les gens économisent-ils sous et temps pour l'avalanche de fin d'année. En effet, dès samedi et dans les jours qui suivent, sortent 9 films pouvant (et devant) être des gros cartons au box-office. Décryptage:

Sherlock Holmes 2
Le précédent avait engendré une bonne presse, et a été un carton aux USA en salle (+200 millions) et en vidéo. On a dit que ça avait été un exploit vu qu'Avatar était en face. Mais on peut se demander si les refoulés des salles d'Avatar n'ont pas rempli celles de Sherlock...
Reste que c'est LA valeur sûre de la fin d'année, le film qui va remplir son contrat.
Ceci étant, les premiers échos de cette suite ne sont pas bons. C'est aussi un facteur à voir. Reste qu'Holmes ouvre seul sur sa tranche de public "ado-adulte" et peut ramasser gros dès le premier week-end. Mais la concurrence d'après peut totalement le manger.

Les chipmunks 3
Alors, personne n'ira le voir, mais sachez que la franchise de la Fox est de loin la plus rentable. Les deux premiers épisodes ont raflé + 200 millions chacun, et dans un monde où Yogi Bear passe les 100 millions, le troisième Chipmunks sera encore tout en haut. L'ironie serait de balader Holmes...Surtout, le film est tout seul dans le créneau "enfant" (avec Tintin, qui est difficile à mettre dans une case), et si Happy Feet et les Muppets ont bidé, ce ne sera pas le cas ici...

Mission: Impossible, Ghost Protocol
Les critiques ont bien refroidi tout le monde, le troisième film n'avait pas vraiment fait d'étincelles et Cruise n'est plus une garantie de succès. Reste les salles Imax (mais pendant combien de temps, vu que Tintin arrive derrière) et le nom de la franchise. Mais le film avance tout de même dans un univers ultra-concurrenciel (Holmes et Tintin, plus Millenium). Le film risque très gros. Reste l'international où Cruise a encore du crédit.

Les aventures de Tintin
Le film sort quasi en dernier aux USA, et il a déjà engrangé 233 millions à l'international, ce qui n'est pas la folie (rappelons que les smurfs de Raja Gosnell ont fait deux fois plus), mais assure une suite à l'aventure de Tintin sur grand écran. L'accueil critique positif et le nom de Spielberg vont assurer un peu le film, mais comme pour Mission: Impossible, c'est un peu le flou. La performance capture n'est pas vraiment synonyme de carton, le personnage n'est pas très connu des jeunes générations...Tintin devait sa survie à l'Europe, il peut ramaser quelques billes aux USA, mais le pari est dur.

The Girl With The Dragon Tattoo
On saura demain 13 décembre ce qu'il en est vraiment du film de Fincher, puisque l'embargo critique (destiné à truster la couverture médiatique dans l'embouteillage de fin d'année) sera enfin levé. Le film a pour lui son buzz net (ça ne vaut rien sur le territoire US, mais c'est un petit plus), le nom de son réal (qui n'a pas eu de cartons en salle, mais assure la présence d'un grand nombre de cinéphiles) et surtout le fait d'être la version anglaise du gigantesque carton littéraire depuis Twilight et Harry Potter. Nombreuses couverture de journeaux, succès des préventes de tickets sont de bons indicateurs. Mais le film part avec pas mal d'handicaps. La concurrence d'Holmes, MI, We Bought a Zoo et surtout War Horse, ajouté à sa durée (+2H40) qui limite l'exploitation, plus le Rated-R qui le prive du public ado (même si pour le coup, il n'est pas vraiment visé ici). Si on ajoute le côté Remake, et le fait que le film suédois a eu un gros succès via Netflix et autres, tout ça fait que le film, que beaucoup annonce gagnant peut aussi s'épuiser... A voir, après, si l'accueil critique est très positif, plus une possible campagne oscar qui peut doper le film.

The Darkest Hour

Le film mystère. Potentiellement le plus gros bide de la saison. Pas de star, film tourné en Russie...Le film joue clairement la carte du buzz, du film qui va en donner pleins les yeux pour pas cher...Trop de concurrence pour le voir émerger, mais ça peut aussi être le film qui mange des places à tout le monde. Et si Darkest Hours surprenait les gros mastodontes et renvoyait tout le monde sur un remboursement international forcé?

We bought a Zoo
La mystère est complet aussi. Qui ira, au milieu de toute cette offre, voir le film de Cameron Crowe? Certains voient justement le film sur un créneau "marley et moi" qui peut le faire s'envoler très haut. Personnellement, le film m'enthousiasme peu, mais c'est clair que son créneau "famille" peut lui permettre de s'accrocher. Ceux qui ne veulent pas de viol anal ou de scènes d'actions ou de Chipmunks vont se raccrocher au film de Crowe. Et ils peuvent être nombreux.

War Horse
Le film ne va pas compter sur ses premiers jours, mais s'est intelligemment déplacé pour mieux survivre. War Horse est LE film oscar de la fin de saison (avec le suivant), le film qui va vivre sur le long terme. Et avec une bande annonce à l'émotion surpuissante, on peut vraiment y voir un gros succès pour Spielberg qui comme Crowe sera un peu seul dans son domaine. Une carrière à long terme et un bouche à oreille inévitablement positif.

Extrêmement fort et incroyablement près.
Comme pour le Fincher, Scott Rudin a traîné à montrer son film, pour mieux faire monter la sauce. Casting énorme (Hanks, Bullock, Viola "The Help" Davis...), réalisateur de films à oscars, sujet fort (11/09), bande annonce qui vend clairement une certaine image de l'Amérique (ça va plaire), le film peut aussi, sur la course des oscars, ramasser gros, surtout quand on voit que ceux de la presse qui l'ont vu le mettent systématiquement dans leurs top. Une sortie limitée à surveiller de près.

Pronostic:

1- Sherlock Holmes 2
2- Alvin et les Chipmunks

Les deux vont assurer, mais moins que prévu. Plus de 200 millions chacun.

3- Millenium 1
4- War Horse

Les deux là vont passer la barre de 100 millions assurément. Je vois un succès "True Grit" sur le long terme pour chacun, un gros 150-160. Sachant que le Spielberg peut aller beaucoup plus haut.

5- Extrèmement fort et incroyablement près

Je le met là, je me base sur ce qui s'annonce...Un succès à la "couleur des sentiments". Prise de risque quand même.

6- Mission Impossible 4

Ce sera la déception de fin d'année. Mais Cruise limitera la casse.

7- We bought a Zoo

Le film marchera probablement, mais restons sérieux...

8- Les aventures de Tintin

J'ai peut-être tort de viser si bas. Tintin peut aller à 80 millions mais je trouve que le film sort définitivement dans un vrai goulot d'étranglement.

9- Darkest Hour
Là, je sais pas. Film qui n'a rien pour lui de sûr. Donc on le met au bout. 50 millions bien tassés.

mardi 6 décembre 2011

L'art (français) de la guerre




Parlons bouquin un peu.

Je lis peu, ces temps-ci. Ou plutôt j'ai lu un méga pavé énorme (le titre est éloquent), et là je suis en "pause BD". Pour preuve, je n'accroche à rien. Très dur de tenir un Greg Bear quand on n'en a pas vraiment envie (et puis c'est Greg Bear qui écrit sur Halo, donc c'est quand même pour les fans), encore plus dur pour de la bit-lit...

Non, je suis en mode BD, puisque sortent de nos jours sortent de bien bonnes choses, le second Quai d'Orsay, le sixième volume des notes de Boulet...

Mais bon, je l'ai tout de même terminé, et c'est avec un plaisir non dissimulé que je vais vous parler en quelques lignes d'un roman en tout point fascinant.

L'art français de la guerre est un premier roman. Rien que d'envisager un premier roman faisant 630 pages bien tassées, bien nourries de références, d'une prose riche, d'un équilibre parfait entre dialogue, narration et description (là où d'autres auteurs livrent plus un scénario qu'autre chose), on contemple et on se tait.

L'art français de la guerre (je ne me lasse pas de ce titre) fait peur. Sa taille, son sujet, sa renommée, son prix. Le lire en entier est un exploit à conter en société, un peu comme pendant des décennies les autres se réjouissait de dire qu'ils avaient achevé le temps perdu de Proust.

L'art français de la guerre, venons-en au sujet, est un roman en deux parties.
La première narre la vie d'un homme sans passion, désintéressé de son quotidien qui abandonne tout pour un McJob (livreur de prospectus), et fait le récit de la France contemporaine, son malheur, son indigestion des drames du passé, sa guerre passive du quotidien. Il est bien narrateur, sans nom, notre héros, comme chez Palahniuk, on y pense d'ailleurs, à Fight club, curieusement, dans cette approche sans concession de la violence du dehors, dans la noirceur du récit, sa folie.

Jacques Perrin chez Schoendoerffer,
qui vient en tête pendant la lecture


Le second est celui de sa rencontre avec son libérateur, Victorien Salagnon, témoin de la guerre française, résistant, engagé en Indochine puis en Algérie, mais aussi peintre, artiste, l'auteur présentant la complexité de la nature de Salagnon pour mieux rendre les nuances du conflit, sa noirceur, sa réalité et parfois la beauté du geste qu'il accompagne.

Le choc des deux présente un message clair. La France, sortie de la seconde guerre mondiale, n'a jamais vraiment digéré sa déchéance, n'a pas tenu ses promesses et s'est embourbé dans une relation malsaine vis à vis de ses colonies, de son rapport à l'occupation de lieux qui ne lui appartenait pas, comme l'Allemagne vis à vis de la France. Je repense à une image en écrivant ceci, celle d'une candidate d'extrème droite clamant qu'on ne pouvait la considérer comme raciste ou autre car elle était petite fille de résistante, cette image s'accompagnant d'une autre de ces femmes qui disait que le malheur dans tout ça fut de libérer l'Algérie, de céder... Ce prolongement d'idée me revient alors que je parle du roman de Jenni, qui narre un peu tout cela, ce complexe rapport au territoire et au conflit, un syndrome, un malaise, qui emplit tout, notamment le cinéma, autre élément qui m'a interpellé, notamment à l'évocation du film de Ridley Scott, La chute du faucon noir, qu'il évoque en le mettant autant en exergue qu'il en déteste certains aspects nauséabonds. Le fait est que le film de Scott est un film important, notamment et surtout dans l'évocation du cinéma de guerre. Pas parce qu'il est patriote ou anti-guerre, mais parce qu'il décrit avec une force terrifiante la guerre moderne.

Certes, la guerre n'est pas tout le livre, il y a aussi l'art dans le titre. Ce dernier, décrit par Jenni au travers des mots de Salagnon, nait dans la solitude, à ce qu'il m'a semblé. L'artiste est seul à la création mais conçoit pour narrer à l'autre ce qu'il est, ce qu'il vit. L'art est un instrument pour les autres, l'artiste peint pour survivre, pour exorter un démon. Pas forcément l'horreur, il peint le quotidien et l'envoie à celle qu'il aime, pour lui faire vivre à distance, pour se rapprocher d'elle, pour être là-bas aussi, loin de la guerre. Les pages de Jenni évoquant la peinture de Salagnon sont, avec celles du "conflit" quotidien, les plus fortes du récit.

On ressort du récit sonné et aussi essoufflé, car c'est un gros livre, pleins de tant de récits, de descriptions fortes. On voudrait noter à part tant de phrases qui frappent juste. On est parfois remuer et choquer, parfois en désaccord avec l'auteur, souvent manichéen, appuyant trop là où ça fait mal jusqu'à en perdre sa crédibilité. Mais au delà du plaidoyer, c'est la beauté de l'écriture, sa force, qui demeure.

L'art français de la guerre est un de ces grands livres là, qui marquent de façon indélébile les uns et se ferme trop vite aux autres. Je suis content d'être des uns.

vendredi 2 décembre 2011

En attendant Janvier

Sur Itunes, on peut acheter le morceau de Karen O, Immigrant Song, reprise de Led Zeppelin, signé Reznor et Ross pour la BO de The Girl with the Dragon Tattoo


Message de Reznor: For the last fourteen months Atticus and I have been hard at work on David Fincher’s “The Girl With The Dragon Tattoo”. We laughed, we cried, we lost our minds and in the process made some of the most beautiful and disturbing music of our careers. The result is a sprawling three-hour opus that I am happy to announce is available for pre-order right now for as low as $11.99. The full release will be available in one week - December 9th.

Trois heures de musique, 6 disques, deux reprises...Folie de BO, qui trônera dignement aux côté de celle de Social Network, récompensé aux Oscars l'an passé (et monstre de BO déjà dans les platines de tous les monteurs dignes de ce nom).

Sinon, pour parler un peu du film, je compte entamer bientôt une semaine Fincher (probablement à la sortie du film), avec un très long portrait du réalisateur et de ses films.

En attendant, il y a deux très très bons articles à lire: le premier est signé Wired et le second provient de l'excellent blog Fincherfanatic. D'excellentes lectures, pour le coup, parmi les portraits assez banals de la concurrence. Le premier revient pas mal sur les débuts de Fincher, le second est une interview uncut de Fincher, un régal qui montre la précision, l'acharnement et le génie du réalisateur.

Dragon Tattoo a été vu par les jurys des prix de la critique New-York et du National Board of Review. Si le premier n'a remis aucun prix au film (même si des avis très très positifs sont ressortis anonymement de la projection, Sony menant un blocus sur le film pour entretenir le mystère), le second a vu le film de Fincher se classer parmi les 10 meilleurs films de l'année et Rooney Mara récompenser par le prix du meilleur espoir.

Tout ça sent très bon. Et si les chances de voir Fincher grapiller quoi que ce soit sont un peu légères (et il s'en fout, comme il le clame partout), on peut déjà se rassurer avec ça.

Allez, pour le plaisir:

lundi 28 novembre 2011

Quelques bons films aussi...

Voilà, en réponse au mail décriant la médiocrité de tant de navets endurés récemment (et j'en ai encore sous le coude), voici une déclaration d'amour à quelques films

Commençons par


SUBMARINE

Voilà un film auquel j'accordais peu de crédit. Réalisateur inconnu (je n'ai pas vu sa série), musique d'un groupe jamais trop écouté (Artic Monkeys) et puis surtout ça sentait le film hype sans rien dedans, flou et mou.

ET BIEN NON. D'abord parce que derrière toutes ces petits mous, c'est une vrai poésie qui se détache de l'histoire du jeune Oliver Tate, personnage amoureux du cinéma européen gris, de la chanson française (et Belge, ne leur enlevons pas Brel), qui a des parents dépressifs...Oliver expérimente dans son environnement étrange, univers que j'ai tout spécialement adoré, le détail du réglage de la lumière des parents, les grands plages désertes fouettées pas le froid et ces no man's land curieux faits de brics et de brocs...Sans parler des salles de classes et de cinéma...L'attention prêté aux lieux et aux ambiances est très importante, et contribue au charme du film.

Tout ça ajouté à une photo allant du très chaleureux au glacial, rend le film très intime, et c'est cela qui m'a spécialement séduit, cette proximité avec le héros, cette familiarité angoissante. Ajoutons aussi le casting parfait, Noah Taylor (hélas de plus en plus rare) et Sally Hawkins (heureusement de plus en plus présente) et les deux jeunes, Craig Roberts et Yasmin Paige, qui emportent le morceau avec leur histoire d'amour étrange et touchante.

Enchaînons avec


UN JOUR

Oui!!!! Là, je suis tout seul (à la vue de l'opinion qu'en ont mes camarades). Un jour, c'est une romance chargée de tristesse contant la vie de deux amis sur 20 ans, se focalisant sur une date, le 15 Juillet. C'est l'adaptation d'un best seller de David Nicholls qui doit être mieux que le film, qui n'est vibrant que pour deux choses. Le premier point, c'est cette approche du temps qui passe, une certaine économie de ce temps, qui synthétise les rencontres, les moments, et fait sens au final. Le film ne s’appesantit pas, il déroule un inévitable, la vie, et nous la fait dès lors ressentir abruptement. Et si certains passages agacent, j'aime justement qu'ils m'agacent, qu'ils soient l'incarnation des années ratées, médiocres de la vie (on en a tous connu).
L'autre point fort, c'est Anne Hathaway, même si elle est trop belle pour le rôle (on nous la vend constamment comme la chenille qui va devenir papillon en lui mettant des grosses lunettes sur la gueule, mais bon, faut pas déconner). Anne est remarquable malgré tout parce qu'elle amène ce souffle de vie dans le film, quand l'autre personnage n'est que mortifère (et mal joué par Jim Sturgess, pas très aidé par les maquilleuses). C'est cette énergie qui fait la force du film et déclenche l'émotion.
Alors, oui, au delà de mes discours, c'est clairement la fleur bleue en moi qui parle, j'ai versé ma larme et tout. Mais c'est aussi un phobique du bonheur qui s'arrête qui a vu le film avec une forme d'angoisse qui fait que Lone Scherfig a réussi son coup. Je ne le recommanderais pas à tout le monde, mais je ne peux pas dire que je n'ai pas fondu.

Voilà, suivant


L'EXERCICE DE L'ÉTAT

Dès les premières images, projections mentales de l'angoisse du ministre, angoisse qui parcourt le film et lacère son héros, on comprend le sens et la volonté du film de Pierre Schöller (dont j'avais manqué le précédent film Versailles). Mettre en scène et comprendre l'appareil de l’État, de l'intérieur. On n'est pas loin de nombreux exercices cinématographiques plus ou moins récent, rares en France, communs aux USA. La force du film de Schöller, c'est son côté profondément français, une présentation sans fioriture d'un cauchemar terrifiant qu'est notre pays, et sa haute administration. Pas d'effets faciles, pas de gratuité, pas de phrases théâtrales ni d'anecdotes glissées là par des copains du pouvoir, le quotidien est déjà bien assez fascinant.
L'autre force du film, c'est sa galerie de personnages, du ministre (immense Olivier Gourmet), ses conseillers (Blanc, Zabou) et le pauvre chômeur victime d'une loi visant à sa réhabilitation (l'inconnu Sylvain Deblé dont le mutisme dit tant), galerie d'autant plus fascinante que dans le jeu du pouvoir chacun est menacé (façon jeu de la mort réaliste) et où le moindre détail devient significatif et peut tout anéantir. Dès lors, les dérapages de l'intrigue, inattendus, sont toujours réjouissants, car on attend de voir par quel moyen il va pouvoir tourner ceci ou cela, qui survivra.
Un grand film sur un sujet maltraité jusqu'à présent. Un film qu'il ne fallait pas rater.

Enchaînons avec


CONTAGION

Ahhhh, voilà un film que j'attendais terriblement. D'abord parce qu'il marque le retour de Soderberg, réalisateur boulimique au régime depuis quelques temps (et j'attend encore plus son prochain, série B d'action avec un casting de fou, Fassbender, Douglas, McGregor, Kassovitz, Banderas etc...) ou encore ce projet inconnu avec Cate Blanchett (dont le seul nom et l'idée de l'association me réjouit, malgré l'affreux Good German).
Contagion, résumons, c'est le "Traffic" de la pandémie. Casting all stars (Damon, Winslet, Fishburne, Cotillard, Law, Paltrow), scénario en béton, mise en scène soignée.
Tout pour aimer se faire peur. Parce qu'on a peur devant le réalisme sombre de Contagion. Peur de cette chose aléatoire et invisible qui nous anéantira.
J'ai beaucoup pensé au roman de Max Brooks (que je recommande à nouveau à tous, WORLD WAR Z, n'attendez pas le film, il ne peut en aucun cas refléter ce que vous lirez) qui adopte une forme de récit éclatée proche.
Le film a l'intelligence de privilégier l'inévitabilité aux excès. Pas de bombe nucléaires, de militaires débiles, de fourberies scénaritiques usées à la moelle pour bien illustrer qu'on est des nases. Non, au contraire, c'est une forme d'impuissance lâche qui s'exerce tout au long du récit. Les héros en sont des scientifiques, des gens enfermés chez eux, mais aussi les réseaux sociaux, les médias... En cela, les différents personnages, leurs survies, leurs morts et l'enchaînement des évènement n'en est que plus crédible et donc effrayant.
Contagion est une œuvre qui démontre qu'on peut faire du cinéma passionnant sans tomber dans le sensationnel inutile. La fin du monde, sujet de l'année, est définitivement intime...


50/50

Le film que je n'aurai pas du voir.
Sorti en catimini avec une affiche honteuse (et on ne le redira jamais assez) vendant une mauvaise comédie geek des années 80, nous sommes allés voir 50/50 poussés par un destin de salles complètes ailleurs. Et quel beau moment de fatalité.
50/50, c'est l'histoire d'Adam, jeune homme timide qui découvre qu'il a un cancer rare au dos, et comment son entourage et lui-même réagissent et vivent la maladie, de sa mère possessive à sa petite amie qui se détache en passant par son meilleur ami et sa jeune thérapeute, qui ne savent pas trop comment se comporter.
Résumé comme ça, on n'imagine pas une comédie, ou du moins un traitement mélant comédie et drame. Pourtant, c'est le vrai miracle du film, insuffler au milieu du cancer une vitalité qui rend le film doux-amer, l'humour réussi rendant le drame plus touchant et moins pesant.
Et si Joseph Gordon Levitt donne à Adam sa douceur et son caractère gentil (et donc forcément émouvant), ce sont les seconds rôles qui font la force du film. Angelica Huston en mère-courage envahissante hérite du personnage le plus beau, imposant le temps de quelques scène un portrait de maman qui agace et émeut en même temps (comme les nôtres...). Seth Rogen n'est pas en reste non plus, avec son rôle d'ami bordélique, dragueur, qui n'arrive jamais à être totalement à sa place et se révèle indispensable. Et on n'oublie pas Philip Baker Hall et Matt Frewer en pote de cancer (oui, dit comme ça) ou encore Anna Kendrick en jeune psy dépassée...

Le film tape constamment juste, et c'est chargé d'une émotion réelle (et pas préconçue par la musique, la surcharge ou autre) qu'on sort de la salle, touché par le récit par ailleurs autobiographique, le scénaristique ayant lui-même combattu un cancer et sachant rendre, probablement fort de cette expérience, les aléas de ce passage douloureux.

Et on termine par


LE STRATEGE

CA aussi, c'est la grosse surprise. En fan de Brad Pitt, d'Aaron Sorkin et de sport américain, je me disais qu'il y avait dans ce film un potentiel important de compatibilité. Mais là, c'est la mise en scène de Benneth Miller qui m'a bluffé. Le scénario aux petits oignons, les acteurs très très bons, tout ça est là, mais c'est la mise en forme qui fait du stratège un film à part. Fort d'un usage malin de nombreux artifices (flashback, images d'archives), d'une utilisation des flous, des gros plans qui se fondent toujours parfaitement dans le rythme du film, de la magnifique musique de Mychael Danna pour faire avancer le film, Miller réalise un peu l’exécution parfaite sur un sujet par ailleurs difficile à vendre.
Le baseball au cinéma, plus largement les "success story" sportives au cinéma, ça souffre souvent d'une exécution molle ou au contraire extravagante, d'un refrain lourdingue, d'un final pleins de surcharge pour montrer combien on triomphe de l'adversité malgré tout, rêve américain et tout...Ici, tout est nuancé. On sent la patte scénaristique de Sorkin et l'ambition de l'ensemble de casser le rêve pour le rendre un peu plus émouvant encore, là où les autres ne vont pas. En cela, la fin du film, dans une grisaille de bureau et d'automne est la grande force du film. Une frustration palpable, une chanson douce et cruelle, un plan flou... Le stratège a reçu un immense accueil critique aux USA et malgré la présence de Brad Pitt, l'étiquetage "baseball" a tué la sortie française du film. C'est dommage, parce que ce n'est pas le sport qui est important ici, mais le personnage de Billy Beane, ses contradictions, sa part d'ombre, son audace, sa médiocrité... Moneyball/ Le stratège est pour moi un des grands films de l'année. Et le meilleur film sur le sport américain depuis l'enfer du dimanche d'Oliver Stone.

Et terminons par le meilleur:


DRIVE

Ah que ce film est merveilleux. Dans les séances de rattrapage, je me suis rendu compte que je n'avais jamais "chroniqué" Drive. Les motivations pour ne pas le faire étaient simples, contrairement au stratège, à submarine, Drive est un film aimé de tous. Tout le monde fredonne la BO, a vu le film et l'a aimé, un peu comme en leurs temps Pulp Fiction ou Fight Club, autres films devenus cultes par un bouche à oreille riche en superlatif. Ainsi, Drive et son imagerie de thriller californien exaltée par une mise en scène qui cherche constamment à dessiner plus qu'à simplement cadrer, devrait faire de Nicolas Winding Refn un nouveau réalisateur chouchou du public, après la critique qu'il avait déjà conquis avec Bronson et Pusher.
La violence est toujours là, mais la force de Drive, c'est définitivement le travail du réalisateur. Usant de tous les artifices, Refn sublime chaque plan, fonce vers l'iconographie, avec Ryan Gosling en figure centrale, et les gueules et les lieux sordides de Los Angeles pour entourer ce chemin de croix du héros.
Le casting de gueules est d'ailleurs parfait, Brooks et Perlman, mais aussi Bryan "Breaking Bad" Cranston, et chez les dames Christina "Mad Men" Hendricks et Carey "les bons choix" Mulligan. Mais on reste sur Ryan Gosling, qui n'a jamais été filmé aussi bien, et dont le personnage avec son manteau fétiche, devrait rejoindre le rang des héros phares du cinéma. Créer un mythe, Refn l'a fait. Le découvrir en salle, faire partie de ceux qui diront "moi je l'ai vu à la sortie", c'est notre privilège.
Drive est l'un des deux-trois meilleur films de l'année, tout simplement.

dimanche 27 novembre 2011

Pour en finir avec les films de l'été (et tous les films à éviter)

Ah c'est ça de passer peu de temps à écrire et beaucoup de temps à voir des films. Rapidement sur un paquet de choses. On achève déjà les films de l'été. De Mai à Septembre...



Fast Five

Aussi nul que les précédents. Oui, je persiste parce que celui-là on m'a dit "ah mais attend, y a vraiment un truc". Et en fait non...


Very Bad Trip 2

Le même en moins bien. Et je commence à plus pouvoir supporter Zach Galifianakis. Le final avec Mike, c'est la goutte d'eau punitive. Après, c'est toujours mieux que le précédent film nase de Todd Phillips dont je n'aime décidément que trop peu le cinéma (j'ai le premier Hangover et Starsky et Hutch en DVD, et je me demande parfois ce qui m'a pris)



Le complexe du castor

Pas mieux, on continue dans le chapitre du temps perdu...Mel Gibson est selon moi un grand acteur, et la belle déclaration d'amour et de rédemption de Robert Downey Jr. à son encontre récemment m'a fait plaisir, vu que moi aussi je souhaite sa réhabilitation. Après, ça ne me fait pas avaler la couleuvre de ce film qui se perd trop dans l'intrigue adolescente d'Anton Yelchin (acteur qui m'énerve), visiblement pour ne pas s'enfoncer dans le morbide. Dommage, j'aimais assez le morbide...


London Boulevard

C'est loin, c'est oublié. C'est pas recommandable. Pourtant, le petit polar brittanique avec Colin Farrell c'est souvent ma came. Ici, c'est raté. Mais il y a une bonne bande originale, quelques acteurs cabotins et malgré la nasitude de l'ensemble, on s'emmerde pas tant que ça...



I'm Still Here

J'attendais beaucoup de ce film. Plus lourde fut la chute. La courte déchéance de Joaquin Phoenix filmé en caméscope sans aucune créativité par Casey Affleck, se désespérant de pouvoir créer des situations délirantes ou qui atteindrait une forme de poésie bizarre et qui n'y arrive que dans le sombre et touchant dernier plan. Sauf qu'on s'est tapé un sacré moment d’ennui avant ça...


Bad Teacher

C'est la plus belle purge de l'été. Voilà, on réunit tout pleins de gens biens et on leur sert le scénario le plus PG13 de l'histoire alors qu'on aurait pu faire un gros "R" bien crasseux. L'impératif box office pour la carrière de Cameron Diaz a prévalu, cette dernière a pu prouver qu'elle pouvait encore faire bander les ados en manque. Tout va bien...Sauf pour nous. A noter que ce film s'inscrit dans la carrière de la lose de Justin Timberlake (la suite pas loin après).


Captain America

Confier Captain America au réalisateur de Rocketeer est sur le papier la meilleure idée du monde. Joe est un faiseur habile (Jumanji, Jurassic Park 3, tout ça) et son film résonne un peu comme ça, un film habile, bien fichu, rétro comme il faut, jouant sur l'image du héros. Le casting est impeccable, certes, mais il manque cependant au film une vrai scène d'action, un quelque chose qui transcende le tout...La faute à un scénario dont la structure est bonne mais auquel il manque des dialogues et des scènes clés. Vite vu et hélas vite oublié.


La Piel qui habito

Difficile de ne pas râler contre le magasine UGC qui sur fond d'article sur Almodovar balançait le noeud de l'intrigue dès la première ligne, me gâchant assez lourdement la séance alors que j'avais su me préserver. Cependant, il ne reste pas grand chose de cet Almodovar là. Un film efficace mais il me manque du temps pour comprendre le personnage de cette femme enfermée pendant des années...Un peu plus de temps qui passe, de scènes "intermédiaires" auraient densifiés le film. Dommage.


Sexe entre amis

Et donc le remake de Sex Friends, où l'on retrouve Jackie (après Kelso, et d'ailleurs, c'est triste, j'aurai aimé revoir les deux ensemble) et Justin "les bons choix" Tombelac. Navrant pour l'ensemble, même pas sauvé par un second rôle qui assure (allez, on repêche Woody Harrelson, mais c'est par gentillesse)...Je repense aux scènes de ruptures du début (oui, nos deux héros se font lourder au début)...Et avec une certaine émotion, j'imagine le film qu'on aurait eu avec les deux "largueurs", Andy Samberg et Emma Stone. Celui-là, je l'aurai beaucoup aimé...



Crazy Stupid Love

Sur le papier, son casting (Steve Carell, Emma Stone, Julianne Moore, Kevin Bacon et Ryannnnn Gooooossssling), j'imaginais le meilleur. Et pendant un moment ça fonctionne, du fait du talent des comédiens (J'y inclus la gueule de gnou de Josh Groban, parfaite). Mais les enfants prennent la parole et plus le film avance, plus il se noie. Et lors du "super discours sur l'amour d'un gamin de 13 ans" qui voudrait être la scène de danse de Little Miss Sunshine (sauf que non, hein!), le film sombre dans les abysses. Après, Carell, Stone, Moore et Gosling, c'est du cast, donc ça se suit sans sortir le fusil.

Voilà, c'était la séance de rattrapage des films à zapper. La suite avec les films à voir (et potentiellement à aimer).

Le film dont vous êtes le héros


J'ai récemment achevé deux jeux qui par les objectifs visés et la technicité déployé, m'ont plus évoqué le cinéma que le jeu en lui-même.

Tandis que le jeu vidéo gagne en performance graphique, on sent plus encore que jamais l'influence du cinéma sur ce média qui délaisse de plus en plus la ludicité pure pour une expérience qui se rapprocherait d'un film se déroulant sous nos yeux, attendant notre réaction, notre geste pour finaliser les détails.

Rien de nouveau (certes), ni d'ennuyeux là dedans, bien au contraire, mais loin des œuvres récurrentes de Nintendo, les efforts de concepteurs comme Rockstar ou autres semblent parachever le chaînon manquant entre le jeu et le film.

LA Noire est ainsi, l'une des expériences les plus singulières qu'il m'ait été donné de jouer. En suivant l'histoire de l'inspecteur Phelps, héros de la guerre devenu flic à la police de Los Angeles dans les années 40, le joueur se retrouve propulsé dans un univers où les figures récurrentes sont toutes proprement liées à la culture cinématographique. Totalement conçu autour de l'esthétique du film noir, incarné par les acteurs de la série "Mad Men", mettant en scène des crimes tout droit sorti du monde de James Ellroy, le jeu est une balade dans un univers connu dont le plaisir (du cinéphile) sera, autant que l'enquête, d'identifier les sources d'inspiration des concepteurs, et de ressentir l'immersion dans cet univers connu dont on est enfin le protagoniste indirect.

L'effet est d'autant plus renforcé que l'intrigue centrale ne dévie jamais, là où la liberté d'errer dans Red Dead Redemption ou GTA était palpable. C'est bel et bien un film qui se déroule sous nos yeux, un film dont on est le héros, avec beaucoup d'intérêt et de passion.

Le sentiment fut renforcé après avoir terminé Dead Space 2. Là encore, suite oblige, on retrouve notre héros là où on l'avait laissé (plus ou moins) et on replonge en territoire connu. Pourvu d'un scénario invoquant la série Alien de partout, Dead Space 2 est un jeu finalement court (mais ça ne nous prive pas du plaisir d'y jouer) où l'action très linéaire joue d'enjeux très défini. En cliquant sur un bouton de la manette, on peut même voir apparaître le chemin à parcourir, dessiné en bleu, pour poursuivre l'histoire.

Dès lors, l'essentiel du plaisir du jeu n'est pas dans la recherche, mais dans le déroulement de l'intrigue, et les épreuves de survie qui l'accompagnent. Point de recherche, point de déviation, on veut savoir comment le héros va pouvoir dominer sa peur, surmonter les fantômes de son passé. On tremble face aux ombres, aux apparitions des démons, et on joue de la gachette de la façon la plus brutale possible, sans vrai choix, sinon de l'arme qu'on utilisera au final pour dézinguer des bébés mutants hurlants (trouvaille terrifiante de cette suite, qui vous interdira de jouer la nuit sous peine de voir faire buter par vos voisins).


Dead Space 2 n'est pas un jeu, c'est Alien dont on est enfin le héros. On peut reprocher au film de miser autant sur l'action, mais au final, les créateurs ont compris l'intérêt du produit, sa simplicité, son caractère abrupte. Dead Space 2 est une expérience plus que tout autre chose. Un film d'horreur en live où l'on tremble à chaque passage...

Je reviens bientôt à Nintendo, au jeu plus pur, puisque le suivant sur ma liste se nomme Zelda. En espérant vivre, à nouveau, une expérience hors du commun. Et revenir aussi, avec plaisir, aux joies du trépignement, aux intrigues tordues et aux errances dans les plaines d'Hyrule.

mercredi 26 octobre 2011

librement adapté...


Oh combien il est difficile de parler de ce film qu'est le Tintin de Spielberg. En effet, en adaptant les aventures de Tintin, en général, autour du secret de la Licorne, se cachait dans le destin du film une affirmation des promoteurs du film qui blessait le titinophile en moi: on ne peut pas adapter Tintin tel quel, ça n'intéressera personne, il faut ré-écrire, mouler le film dans une forme nouvelle.

Le secret de la licorne est, de très loin, mon album de Tintin préféré. Il marque une grande évolution dans le mouvement narratif de Tintin, le second, après le crabe aux pinces d'or qui marque la rencontre avec Haddock. C'est dans ce diptyque (avec Rackham le Rouge) que se dessine le nouveau modèle des aventures de Tintin, qu'on découvre Nestor, Moulinsart, Tournesol etc...

Son histoire, mouvementée, est une grande chasse aux trésors, malmenée par la paranoïa d'une époque, les tourments de l'histoire et une noblesse avide de richesses...C'est aussi un récit de piraterie majestueux, et une aventure sur une île au trésor que ne renierait pas Stevenson (autre grand auteur d'aventure chéri de mes lectures d'enfant)...

Ma passion pour le secret de la licorne est indéfectible, et l'annonce initiale du projet de Spielberg m'a fait, comme beaucoup, fantasmé comme jamais. Se demander quel album serait adapté, espérant farouchement que ce serait celui-ci. Voir déjà le requin sous-marin, qui me fascinait comme rien d'autre étant petit (un sous-marin en forme de requin...l'objet ultime...), la reconstitution de la bataille navale, Moulinsart et les frères Loiseaux...Tant d'attentes, tant d'espoirs...

Et puis les nouvelles tombent. On adapte en mélangeant deux albums, on incorpore des bouts du crabe aux pinces d'or. Certes...Allons-y, ouvrons sur la légendaire rencontre, et on enchaîne avec la licorne. Mais non, on a vraiment mélangé les deux intrigues. Là, je commence à tiquer et l'enivrement initial pour le projet devient un ressentiment, un négation, un refus.

Récemment, je découvrais, via la bande annonce et les premiers avis sur le film d'autres changements, qui changeaient...tout, et dont j'ignorais la portée. L'enfant rêvant de Tintin en moi, celui qui a rêvé 1000 fois le secret de la Licorne sur grand écran en a pris un coup dans la gueule, et oui, je me suis mis à détester avant l'heure cette adaptation.

Injuste? Oui. Le regard de certains tintinophiles m'ont permis de relativiser. L'avantage de savoir que ça n'a rien à voir, c'est d'être préparé. Injuste, donc. Spielberg a déjà retouché d'autres oeuvres (Minority Report, Jurassic Park) sans que ça me choque, très souvent en mieux. D'autres aussi, Kubrick, Peter Weir, et tant d'autres, se sont réappropriés des bouquins et rien en cela ne m'avait dérangé, pour la simple raison que ces livres étaient de parfaits inconnus pour moi.

Alors pourquoi se mettre en colère avant l'heure? Parce que dès lors que ça touche à quelque chose de précieux, c'est plus difficile. C'est comme un vase fragile qu'il nous tiens à cœur de préserver, on a du mal à le voir empoigné par quelqu'un qui le manipule un peu sèchement, risquant à tout instant de le casser devant vous...L'image est celle qui me vient en tête...On déteste cette personne, on n'a pas envie de lui faire confiance, même si c'est un professionnel. Les peurs générant de la haine ont toujours quelque chose d'irrationnel...

Finalement, comme l'a dit Bruno Podalydès dans le monde, c'est le Tintin de Spielberg, pas le nôtre. Et c'est dans cet état d'esprit que je me suis rendu en salle. Dans l'idée de voir un film nouveau, qui ne sera pas celui de mes rêves animés d'enfant, mais autre chose...

Et c'est ainsi qu'en un beau dimanche d'Octobre, entouré d'enfants déguisés pour Halloween en avance et d'adultes nostalgiques ou curieux, je rentrais dans la salle, le ventre noué d'espoir et de peur.

Dès le générique, les espoirs vont bon train. L'ouverture du film, son générique et la scène du marché sentent le miracle en marche (hommage magnifique dès le premier plan, manière de réconcilier les amoureux du dessin avec l'ambition du film).

Le film est sublime. Couleurs, mouvements, lumière, tout resplendit. Jamais performance capture n'avait été si bien mené. Les regards, les mouvements, tout y est terrifiant de classe.

L'adaptation? Comme je me l'imaginais, tout y est modifié, le sens d'Hergé est là et plus là en même temps. Piquant ici et là des bouts pour concevoir leur histoire, les scénaristes s'en sortent bien et si certains personnages sont sacrifiés sur l'autel, l'ordre des choses n'est plus à prendre en compte tant les histoires diffèrent. Disons le, c'est vraiment une nouvelle interprétation et plus une adaptation "Librement inspiré" pour dire plus justement.

Le film n'en demeure pas moins fidèle à Hergé dans cette façon d'appréhender Tintin et Milou, les deux icônes, ici merveilleusement servis. Haddock, j'ai eu plus de mal, lié à l'anglais et l'accent de Serkis, aux expressions clés du personnage, qui appartiennent vraiment au français. Les autres sont trop différents pour faire une comparaison. Alan a perdu son rang (de vrai homme de main, cruel, il devient second rôle terriblement accessoire, pas assez présent), Barnabé devient un vulgaire agent américain (et inutile à l'intrigue, pour le coup), et les acteurs du Crabe ne servent vraiment plus qu'à faire avancer l'intrigue...

Restons sur le positif. L'action, d'une part, entraînante, totalement propre au Spielberg des Indiana Jones. La folie de la poursuite au Maroc est littéralement jouissive, et si on n'a aucune trace de ce genre d'action chez Hergé, le morceau de bravoure visuel n'en demeure pas moins réjouissant. Mais le plus beau moment, directement lié à la BD, est le combat naval entre Haddock et Rackham...Ce qui faisait rêver dans la BD est là, et rien que pour cette scène, le film mérite d'être vu.

On reste cependant un peu sur sa faim avec le final du film, une scène d'action extravagante et lourde qui finit par lasser. Le dénouement arrive du coup un peu comme un soulagement, au moment où le film part en sucette, va trop loin, s'alourdit inutilement. Le film laisse alors un certain vide. Finalement, il n'en reste pas grand chose, deux heures après...Peu de morceau à garder, de thème musical à fredonner (ça c'est vraiment le truc qui me manque, j'en venais à regretter le thème magistral de a série télévisé, qui aurait pu resservir ici), de rêve, de scènes dont on se dit "et celle là?", de répliques...

J'avais bien en tête l'envie d'amener Tintin en nouveau modèle de serial, comme Indiana le fut en son temps. Le pari tient debout, certes, sur l'ensemble du film, mais ne va pas assez loin. L'ironie veut que je craignais pour le respect du héros de mon enfance, et que ma déception vient d'un autre aspect, un certain manque de points fédérateurs, d'un quelque chose en plus. Un peu entre les deux chaises, donc, entre Hergé et Indy, jamais tout à fait l'un, pas assez l'autre...

Pas déçu, cependant, la peur est levée, longue vie au Tintin de Spielberg et Jackson. Le nôtre peut dormir en paix, dans les pages des albums que dévoreront les enfants qui verront le film en salle, découvriront les requins, la Lune, l'Or noir, les bijoux cachés, Rastapopoulos et autres figures clés des aventures du héros.

Il y a de la place pour tout le monde...Et il est parfois bon d'avoir peur, ça permet de se rassurer après coup.

mercredi 28 septembre 2011

Quelques pistes musicales du moment

Pour soulager mes vinyles de Bon Iver et Metronomy (définitivement les albums of the year, donc), j'écoute donc, ces temps-ci:

Le très reconnu album de Death Cab for Cuties, encore peu écouté, mais j'aime ce que j'entends


Washed Out, recommandé par les amis de Metronomy, et dont l'écoute est très agréable!


Cults, ça c'est de la bonne chose qui m'a attiré l'oeil à la pochette et mes oreilles ont suivi!

Le dernier album des gens biens d'Elbow, qui ne déroge pas à la règle, c'est très bien...A voir sur la longueur.


l'envoutant album de Friendly Fires, vraiment très bon (il me faut écouter les autres)


L'ancien album d'Alexis Murdoch, d'où sont extrait le meilleur de la BO d'Away we go

Et le très doux album de The Civil Wars, qui fait très bien passé les après midi ensoleillés...


J'ai pas mis des raccourcis pour tout, mais vous n'êtes pas manchot, hein!

mardi 27 septembre 2011

Wasteland


La technologie depuis 2008 a bien évolué. Et les moteurs d'univers virtuels autrefois merveilleux deviennent aujourd'hui un peu "vieillot". Le moteur d'Oblivion a pris un sacré coup...

Ma première rencontre avec Fallout 3 a été bien mauvaise. Le graphisme austère, la gestion des objets (via une interface spécifique) déstabilisante (début de jeu sans arme puisque incapable de comprendre comment les mettre en place), difficulté outrancière...Rien n'y faisait.

Et puis, comme je me raccroche souvent à ma doctrine "finir les jeux" (sauf catastrophe type "The Conduit"), j'ai relancé la machine, et, profitant de ce temps que les médecins m'ont prescrits, je me suis immergé dans un des jeux les plus vastes et délirants que j'ai vu.

Fallout 3, c'est un univers GIGANTESQUE. Ceux qui pensent que Rockstar offre des cartes vastes avec Red Dead Redemption n'ont jamais joué à ça. Tu rentres dans un bâtiment, au hasard, et tu y restes 3 heures, vu tout ce qu'il y a à explorer (et c'est pas marrant parfois, comme ça m'est arrivé dans ce foutu hôtel).


Fallout 3, c'est la fin du monde, le post-apocalyptique bien senti: on côtoit animaux sauvages "modifié", bandes de mercenaires errantes, monstres et autres joyeusetés. Le troc prévaut, la monnaie est la capsule de bouteille de coca, et les armes cassent...

Un univers où on crève souvent, où tout est à refaire et où on peut choisir de servir le mal ou l'abattre en pleine tête, tout est possible...Et c'est finalement ça qui est génial. Tu peux faire ton shopping avec des vendeurs d'esclave ou atomiser le village, c'est selon ta conscience ou ton engagement.

Une liberté jouissive, l'envie de le refaire en mode "bâtard", en tuant plutôt qu'en aidant, en anéantissant le monde "pour voir". Envie de retourner dans le monde pour voir les limites de la carte...


Une découverte tardive n'en est pas moins une découverte. Fallout 3, trois ans après sa sortie, c'est toujours du bon, du très bon.

mercredi 21 septembre 2011

Une maison faite de branches...


J'ai longuement repoussé l'écriture de ce texte, parce que j'ai longtemps ignoré ce qu'incarnait pour moi le dernier film de Lars Von Trier, longtemps je ne maîtrisais pas tout.

Lars est un réalisateur dont je m'étais promis de ne plus voir un film après l'affreux Dogville. J'ai longtemps pensé que c'était la bande annonce, douce (pour lui), la beauté des images, le casting ou encore la perspective de voir Kirsten Dunst nue (oui, soyons honnête, pas mal y ont pensé, j'en fais parti, je ne le cache pas), qui m'avait fait changé d'avis.

En fait, plus que tout, c'est le titre du film, ce mot qui symbolise tant, qui m'a conduit dans la salle de cinéma.

Melancholia. Le plus beau nom pour une belle chose qui nous détruira tous...J'avoue même avoir eu la haine que ce si beau titre échoue dans les mains d'un réalisateur que j'aime si peu.

Et dès les premières images, j'ai laissé de côté les préjugés, les rancoeurs et le mauvais esprit. Dès l'ouverture, cette chute d'oiseaux, cette mariée, j'étais tout à l'écoute d'un film qui allait remuer mon côté sombre, qui allait fouiller là où mon esprit divague, mon dark passenger, celui qui ne plait pas et que je côtoie de trop près parfois.

Melancholia met en scène une fin du monde, mais pas de la manière dont on l'a envisagé encore et encore, avec toute la rage et l'amertume habituelle. Non, ici il n'est question que de quelques personnes, isolées, qui assistent sur des chaises de jardin à la fin.


L'idée, simple, n'en est pas moins terriblement séduisante et sujette à tant de matière sombre.

Tout commence par un mariage qui dérape, comme une mise en scène où personne ne semble y croire. "Es tu sûre de vouloir faire ça?" demande Claire à sa soeur Justine, belle enfant ayant trouvé une bon emploi et un beau mari et qui va faire un beau mariage. Mais Justine, à l'heure de sa gloire, est rappelé par son passager à elle, et petit à petit, sombre dans un désir violent de laisser tout éclater à sa guise. Placer des tableaux de mort sur les murs, coucher avec un inconnu, planter son nouveau fidèle, démissionner de cet emploi qu'elle déteste. Justine se rend compte que Melancholia arrive, et elle se laisse faire à ce qui est en elle, qui a toujours été.

Dès lors démarre une seconde partie où Justine est une ombre, consommée, vivant le réel comme un bel apocalypse. Claire, survivante prend les rennes du film. Et nous de suivre, de nos yeux, l'exploration méthodique d'une fin du monde, les achats de dernières minutes "au cas où", la fascination pour l'explication scientifique...


Le film devient terriblement touchant avec Claire, qui touche à l'autre versant de la mélancolie, une forme de combat "parce qu'on n'a pas le choix", mais dans le cœur la peur terrifiante de la fin de tout, une peur qui menace. Les deux sœurs sont toutes deux liées à la planète, au mot. Le film n'ignore rien du sens de la mélancolie et s'articule aussi fortement que possible sur ces deux versants, celle qui abandonne et celle qui s'accroche non par volonté mais par manque de choix.

Melancholia est un film réellement dépressif, au sens brut du terme et c'est en cela que sa fin du monde, mort consciente, est si glaçante. Face à la fin, chacun réagit à sa manière, fuient, hurlent ou se construisent une maison faites de branches, un artifice pour mieux accepter. Car il n'est rien, au final, qui puisse combattre ce mal-être, qu'une construction imaginaire où l'on trouve la paix, qui ne résout rien mais apaise.


Il y a quelques années, je me baladais dans une expo parisienne qui m'avait tétanisé à l'époque parce qu'elle m'avait étrangement parlé: mélancolie. C'était au grand palais et sa visite visait à entrevoir le sens du terme à travers les œuvres et les textes d'artistes d'époques et d'origines différentes. Il y avait souvent des sourires sur les tableaux, accolés à des cranes, des jardins où régnait un élément de chaos...C'était cela qui m'avait parlé. Chez Hopper, la mélancolie prenait la forme d'une femme seule dans un coin de cinéma, qui s'isole et ne semble pas arriver à partager le plaisir des autres. Comme une mariée qui ne pourrait vivre ce rêve qu'on lui offre, rattrapée par un vieux démon.


Melancholia est un grand film.

lundi 19 septembre 2011

Alors le disque de l'année (pour l'instant)

Metronomy?

Ou Bon Iver?

Difficile choix. Le second tourne en boucle sur la platine depuis avant hier, dès que je suis seul...Et c'est juste la plus belle chose qui soit...Même la pochette est splendide.

Mais bon, le premier correspond un peu légitimement comme l'invincible disque de l'année...

Une première place commune est à envisager.

Sinon, c'est moi ou c'est un peu mort la musique cette année? Ai-je raté des choses essentielles?

Attendons peut-être miss Feist, qui risque de mettre tout le monde d'accord.

170


C'est le nombre de livres que j'ai à lire chez moi.

Du Asimov, du Ballard, du Dick, du Herbert, du Malraux, du Brautigan, du Coupland, du Pynchon, du Flaubert, du Palahniuk, du Clarke, du Patrick O'Brien, tout Sherlock Holmes, du Rushdie, du Auster, du Hustvedt, du Safran Foer, du Graham Greene, du Le Carré, du Pevel, du Gemmell, du Gaiman...

Tout ça, tout ça...

Et j'en passe...Et j'emprunte encore des livres de ma bibliothèque.

Je suis fou, je ne vois que ça.

Brèves de...série




Achevée, Misfits, série où des jeunes accomplissant des TIG (Travaux d'Intérêts Généraux) sont frappés par un orage mystérieux, l'accident les dotant de pouvoirs surnaturels. Ou comment une série anglaise se permet de renouveler un peu le genre en multipliant les possibilités de situations qu'autorise un tel point de départ. Les épisodes mettent en avant chacun des personnages, développant l'épisode autour du pouvoir du héros, histoire et mise en scène se joignant pour réellement mettre en valeur ce dernier, ses avantages et les souffrances qu'il confère. Une série qui fonctionne bien, mais qui au final est un peu inégale, suivant les personnages mis en avant. L'ensemble est cependant un vrai pas en avant en terme d'originalité et d'inspiration (là où une série comme Heroes crevait trop vite dans un excès de n'importe quoi).


Sinon, j'essaie de me mettre à 30 ROCK, surtout depuis que j'ai appris que Jon Hamm apparaissait dans la série (et aussi pour Tina Fey). Et si la sauce finit par prendre (mais doucement) au dixième épisode de la série, c'est difficile d'y voir autre chose qu'une série fourre tout où se cotoit le très bien (Tina Fey, Alec Baldwin), le sympa (Jane Krakowski) et l'insupportable (Tracy Morgan et Jack McBrayer). Mais bon, je persiste jusqu'à Don...Parce que bon, voilà.


Terminée, aussi, la saison 2 de True Blood, avec plus d'Alexander Skarsgard (j'adore son personnage, le vrai vampire intéressant) et l'arrivée de la très canon Deborah Ann Woll dans le rôle de vampirette (j'ai un faible, j'avoue). La série prend un peu d'ampleur dans la saison 2. L'histoire de la sorcière est sympathique et surtout, le délire de la secte religieuse (et sa miss blondasse géniale) m'a accroché (même si son dénouement déçoit). Bref, une série qui fonctionne, finalement, alors qu'au bout de quelques épisodes j'avais lâché l'affaire. Disons qu'à force de lire des histoires de vampire, on finit par y prendre gout. Et la présence d'Evan Rachel Wood en Reine des vampires achève de me convaincre de poursuivre sur la saison 3.



Sinon, je termine en évoquant le petit phénomène télé de la rentrée, Bref, qui s'il ne perdure pas au même régime que sur ses premiers épisodes (ça semblait impossible), semble ouvrir la voie à d'autres programmes courts qui effaceront de notre mémoire les affreux Samantha Oups et autres stupidités du genre. Courage, on y est presque.


Prochaine séries: Walking Dead (ayé, on s'y met), Luther (avec l'excellent Idris Elba), Treme (par les créateurs de The Wire), True Blood Saison 3 (voir plus haut) et on va redonner une chance à Louie (deux épisodes m'ont bien dégonflé, mais je vais un peu persister).