lundi 30 juillet 2012
Lectures d'été: Kavalier & Clay (Chabon)
Cet été, j'ai fait ma relecture annuel du livre que je lis dans les grosses lignes, mais que je termine pas. Le pavé que représentait Les Extraordinaires Aventures de Kavalier & Clay, face aux exigences de lectures mensuelles que suppose ma présence dans un comité de sélection, m'avait contraint à remettre à plus tard au bout de 300 pages.
Cet été, j'ai du reprendre au début ma lecture de ce qui est réellement l'un des grands achèvements littéraires pour un auteur qui a peut-être encore besoin d'être présenté.
Michael Chabon est un auteur américain parmi les plus primé, récompensé et éclectique de sa génération. Je n'en voit pas d'ailleurs tant d'autres qui cumulent le Pulitzer et le Prix Hugo...Les mystères de Pittsburg, Des garçons épatants (il est à mon chevet, mais son adaptation au cinéma était déjà une petite pépite), la magique "solution finale" (manière subtile de revisiter Sherlock Holmes) et puis le fort "Le Club des Policiers Yiddish" et son désespoir qui m'avait bien remué.
Et voilà donc LE chef d'oeuvre. De l'avant guerre aux années 60, on suit l'histoire de deux cousins, le premier s'est échappé avec le Golem pour tenter de survivre aux USA et ramener sa famille, la sauver du sort qu'Hitler réserve aux siens. Le second est un fou de comics, auteur malheureux, à la sexualité interdite pour l'époque...Les deux fonderont un héros, l'artiste de l'évasion, et nous feront vivre la naissance d'un genre dans son époque trouble...
Chabon rend cette naissance si passionnante, l'époque, les souffrances, les "pourquoi". Ce faux récit biographique, si bien orchestré, avec sa propre documentation. Les passages "comics" sont magiques, l'action dans le réel tout autant, notamment toute la partie "guerre", dans un lieu si étrange, et ce qu'il s'y passe. L'errance, la force du propos et le génie de la narration, tout y est dans cette troisième partie.
Côté histoire privée, l'histoire de Joe m'a évidemment touché avec cette incapacité à vivre après la guerre, le traumatisme, qu'on retrouve dans les oeuvres de tant d'artistes, Vonnegut ou encore Safran Foer récemment (je pense que j'aurai toujours et inévitablement en tête, en parlant de ça, la scène de destruction de Dresde dans le Abattoir 5 de George Roy Hill, film qui laisse des traces). Ce sont les chapitre de Sam Klay qui sont selon moi font la singularité du récit. Cette incapacité à aimer, ce désamour de soi, ce ton si spécifique, ces phrases qui touchent, forcément "ne pas aimer du tout plutôt que d'être interdit d'aimer"... Je trouve que Chabon sait toujours trouver les mots pour rendre vivante ces situations, nous les confier.
Alors, bon, j'ai eu beaucoup plus de mal avec la dernière partie, trop longue, comme si l'auteur avait du mal à clore, à trouver une issue. Si la conclusion est belle, l'auteur aurait sûrement gagné à jouer de la pirouette plutôt que d'amener ça de cette manière si longue qu'on en vient à avoir envie de sauter des pages qui ne servent à rien...
Mais bon, arrivé au bout, on se dit qu'on vient de vivre une immense aventure, une époque entière à travers les yeux d'artistes à part, symbole d'une marginalité qui devint l'image populaire et l'icône fédératrice d'un pays. Ou comment les Misfits devinrent des Héros. Et ça, c'est une histoire qu'on a envie d'entendre.
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