samedi 2 juin 2012

The city and the city



Voilà, j'ai réussi à mettre la main sur l'autre prix Hugo de 2010, co-attribué avec La fille Automate.

En Europe de l'Est, deux villes, Ul Qoma et Beszel sont jointes. Pourtant, elle n'existent pas l'une pour l'autre, divisé historiquement par un mur invisible, qui est contrôlé par une instance invisible, la Rupture, qui interviennent si l'on franchit les frontières. Les deux villes ont une langage différent, des traditions, une économie...Tous les séparent, sauf qu'elles ne sont qu'un seul et même lieu. Un jour, une jeune femme est retrouvée morte à Beszel, mais personne ne la connait ni ne semble pouvoir l'identifier. Il semble pour l'inspecteur Borlu, qu'elle vienne d'Ul Qoma...un enquête commence, remettant en question l'ensemble des règles qui dictent le fonctionnement des deux villes.

On pense à la lecture de ce livre, foutrement intéressant, aux racines historiques qui ont inspiré Miéville, ces paradoxes que furent Berlin, Sarajevo ou qu'est encore Jerusalem...Ces ruptures invisibles, cette interdiction ne serait-ce que de regarder de l'autre côté...L'auteur pousse le vice à envisager ce monde divisé en y ajoutant des éléments qui évoquent Kafka et surtout Philip K.Dick, les puissances invisibles qui règlent notre monde, ces lignes de conduite qui ailleurs sembleraient folles, mais qui en ces lieux fermés définissent la vie de ses résidents.

Kafka, une vraie source d'inspiration, également, dans l'absurde, l'inquiétante étrangeté qui émane des deux villes, de la Rupture, du conflit social en action... Miéville ne cache rien aux lecteurs de cette ville qui agit comme un miroir déformée, où l'une est l'allégorie de l'autre. Il pousse le vice et mène son enquête policière telle un roman noir, avec son flic las, son univers urbain, ses manipulations, ses révélations, sa petite musique lancinante comme une ritournelle d'un quotidien absurde. Et puis il y a son Dahlia, mystère d'entre les mystères, vengeance sourde qui nourrit encore et toujours les grandes oeuvres, de Chandler à Larsson en passant par Ellroy, évidemment.

C'est un excellent livre, à la croisée des genres, un de ces romans qui prennent leurs temps, qui vous immergent doucement, pour ne pas vous faire sentir la noyade imminente, le déchainement des dernière pages, quand on lutte enfin...

J'ai toujours considéré le prix Hugo comme un vrai gage de qualité pour la SF, récompensant autant JK Rowling et Neil Gaiman que Michael Chabon ou Susannah Clarke (pour ne citer que les plus récents). C'est encore ici le cas, avec cette œuvre qui semble hors du temps, littéralement.

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