mardi 7 juin 2011

Quantique...

Source Code



Commençons en évoquant Moon, ce petit film de SF qui s'était égaré en France, pour finir en DVD. Le fils de David Bowie signait un premier film ambitieux, intelligent et offrait à Sam Rockwell un rôle qu'il mérite tant.

(Je pourrais parler longuement de Sam Rockwell, acteur étrange dont je suis la carrière avec grand grand intérêt, depuis le géniallissime Box Of Moonlight, de Tom Di Cillo à Confessions of a Dangerous Mind (premier film bijou d'ingéniosité de George Clooney) en passant par Charlie's Angels (le premier), les associés de Ridley Scott, Galaxy Quest, H2G2 et l'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (en passant, il y a Andrew Dominik dans les remerciements du Nouveau Monde de Malick...quel est le lien entre les deux?)...Rockwell est un ovni d'acteur qui parvient à adapter le personnage à son style, et reste crédible, et c'est assez rare pour être signalé.)

Mais bon, on s'éloigne de Source Code. L'histoire est déjà magnifique, digne de l'ami K.Dick et autres maîtres du genre. Un soldat enfermé dans une cabine est envoyé pour revisiter les 8 dernières minutes de la victime d'un attentat sur un train afin d'en trouver le coupable. Chaque fois qu'il échoue, il repart dans le train pour 8 minutes, ce jusqu'à ce qu'il retrouve le terroriste...

Dans le rôle du soldat, on retrouve un autre acteur que j'adore, Jake Gyllenhaal, aka l'homme qui a enchaîné Brokeback Mountain, Jarhead et Zodiac...Et qui s'est pas mal perdu après ça, même si le remake de Brothers par Jim Sheridan lui faisait la part belle (le rôle "en retenu", toujours plus intéressant que celui qui dérape...Moi je fais parti des gens qui préfère Cruise à Hoffman dans Rain Man)
Mais c'est pas tellement l'acteur qui prime ici. C'est l'intrigue et son dénouement qui peut, chez le fan de SF que je suis, déchaîner les passions et les interprétations les plus délirantes.

(ATTENTION, dès maintenant, si vous n'avez pas vu le film, vous cessez de lire ce qui est en couleur)

La physique quantique, c'est complexe. Dans son application commune, soit en vulgarisation SF, on envisage pour chaque situation de notre existence, chaque instant pivot, une existence où il ne se passe pas la même chose. Et ainsi des multitudes d'univers parrallèle où les choses se passent différemment. Récemment, dans l'excellent Rabbit Hole, Nicole Kidman se met à envisager sa vie dans un de ces univers, où son enfant n'est pas mort, et y voit une alternative scientifique réjouissante, une façon de voir qui lui convient...

On avait déjà à faire avec des "vies alternatives" avec Moon, mais avec le clonage en trame de fonds.

La question est ici placée au cœur du dénouement de source code. En effet, la logique veut que la machine Source Code serve de magnétophone pour les personnages, qui visionnent et inter-agissent dans un environnement programmé. Mais là où Duncan Jones va plus loin, c'est que ce ne sont pas des dernières minutes.

En effet, la machine source code, envoie le soldat dans la peau d'une des victimes, mais dans une réalité alternative, où l'individu peut, de fait, interagir à volonté, survivre, descendre du train, et exister à tout jamais...L'intérêt étant de pousser le principe à son maximum.

Et donc le soldat source va mourir, encore et encore. Et retourner dans un autre possible, encore une vie alternative. Et de lier le tout par la pirouette finale où en préservant l'accident, l'identité source, incarné par Gyllenhaal, s'assure de sa propre survie en prévenant l'agent responsable de lui.

Source Code est un film qui, l'air de rien, s'aventure dans un vrai chemin tumultueux. Et de soulever un paquet de questions en fin de séances.

Mais plus que tout, Source Code, c'est de la SF intelligente sur pellicule. C'est rare, bien trop, alors que tant d'excellents récits paraissent chaque années, notamment chez des auteurs français (hélas, peu voir aucune transcription valide à l'écran). Source Code, et son univers des possibles, est un pur objet filmique passionnant, s'inscrivant dans la lignée du précédent film du réalisateur dans un questionnement sur la conscience de la vie, sur l'importance de la singularité et sur le poids de la mort, son rôle sur le sens de l'existence.

Moon était plus cruel, Source Code est plus joueur. Les deux films se complètent assez majestueusement. Et Duncan Jones est définitivement un réalisateur à suivre.

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