samedi 28 janvier 2012

Life and Art of David Fincher - réalisateur de Clips

En 1986, Fincher se joint alors à Steve Golin, Sigurjón Sighvatsson ainsi que Nigel Dick, Greg Gold et Dominic Sena, pour créer Propaganda Films, société de productions qui sera le fournisseur officiel de clips pendant les années 80 jusqu'à la fin des années 90, où la société, filiale de Polygram, accompagnera l'effondrement de Polygram films et son rachat par Universal.

Fincher, sous Propaganda, devient un réalisateur estimé et demandé qui tout en s'adaptant aux demandes des artistes (des années 80 avec le bon gout qu'on leur connaissait), parvient à mettre du siens et à signer quelques perles.



Pour Paula Abdul, il revisite le noir et blanc, et livre un clip majestueux pour Straight up. Puis il rend hommage à Bob Fosse pour Cold Hearted)



Pour Aerosmith, il signe Janie's Got A gun, où il filme la désintégration d'une famille sous le poids d'un secret, d'un mensonge...



Pour Billy Idol, il signe LA Woman, où Los Angeles devient l'enfer sur terre, les cocktails pleins d'insectes, le feu brulant les artères de la ville, et où Idol, diable en chef, navigue entre démons, orgies et religieuses...



Pour George Michael, il signe Freedom, où il filme les tops models de l'époque, et fait, en passant, exploser les symboles du chanteur et tente de fissurer son image . Les murs fuient, les juke-box explosent, le chanteur le clame "there's something deep inside of me, there's someone else I've got to be"... A la fin, une bouilloire est trop chaude pour y poser la main. Le "secret" du chanteur, qu'il ne fera savoir que des années plus tard, transparaissait dans le travail de Fincher, une déclaration avant l'heure... Le clip, par ailleurs, est l'un des plus beaux de Fincher, une oeuvre esthétique extrême, magnifique, troublante.



Pour Sting, il fera "Englishman in New York", revenant au noir et blanc, dans une ville de New York aux airs du Manhattan de Woody Allen, filmant l'écrivain anglais Quentin Crisp, inspiration de la chanson. La mélancolie de New York, dans le noir et blanc, en fait également l'une des oeuvres marquantes de Fincher.



Pour Don Henley, il signe "The end of the Innocence", où il décrit la mort du rêve américain, ruiné par les républicains et les désillusions. Le clip se termine ironiquement dans un champs qui rappelle "l'enfer" du final de Seven, un désert sombre empli de pilonnes électriques...



Pour Michael Jackson, il signe "Who is it?" où le personnage féminin, aux formes multiples, fascine, et où la mise en scène de Fincher va bien au delà de l'illustration, mais cherche à explorer une histoire plus vaste autour. Le film multiplie les effets, questionne, au delà, l'idée d'identité, la peau, le sexe... Sans cesse, raconter, pousser le clip dans ses retranchements. Fincher à l'orée des années 90 semble arriver au terme du carcan du clip.



Pour les Rolling Stones, il signera "Love is Strong", devenu l'un des clips les plus connus, mettant en scène les stones devenus des géants dans New York. Le clip, très reconnu marque la fin de sa carrière de clipper, Fincher n'y revenant qu'occasionnellement pour des "amis" comme Trent Reznor.



Mais on finira par sa plus fameuse collaboration avec Madonna. Il signe 4 clips pour la chanteuse. Le plus cher, Express Yourself, où Fincher recrée pour elle Metropolis de Lang et la redéfinie alors en sex-symbol. Fincher iconisera encore plus la chanteuse avec son clip le plus célèbre, Vogue. Mais ce sont deux autres clips qui marquent leurs collaborations. Le drame familial, le poids de la religion dans Oh Father, la force de la mise en image des souffrances marque. Mais c'est avec Bad Girl, leurs dernières collaboration, que Fincher réussit le miracle. Mettant en scène Christopher Walken en ange et la mort préméditée de la chanteuse, Bad Girl est probablement le clip le plus fort de Fincher, dans son exécution (encore une fois, la maîtrise au service du propos, jamais d'effets en l'air)

Fincher est également un immense réalisateur de publicité, l'autre activité de Propaganda. Pour un nombre impressionnant de marques, il signera des clips comme l'hommage à Blade Runner pour Coca Cola, la célèbre "instant karma" pour Nike etc...
Fincher définit la publicité comme un gagne pain qui lui permet d'expérimenter. Il profite de budgets impressionnants pour tourner des séquences d'une minute. C'est par là qu'il gagne son indépendance financière, et qu'il arrive à refuser des projets, maintenir son niveau d'exigence.

Quelques séquences majeures:
















(A 1 min.20 de ce best of de la période propaganda, première apparition d'Angelina Jolie à l'écran...)



Nike Gamebreaker from David Lo on Vimeo.


(la démonstration de performance capture par Fincher...Ça laisse rêveur)


(pour boucler la boucle, une autre pub contre le cancer)

L'ensemble de travail, dont une bonne partie fut tourner par Fincher entre Panic Room et Zodiac (probablement pour se donner le temps de monter Benjamin Button), montre un éventail incroyable de technique, et de cette capacité à conter, à manipuler l'image pour mettre en avant, non un produit (généralement peu ou par présent dans le clip), mais une idée, une histoire, un message.

Les prouesses de Fincher l'amène vite à être accueilli par les studios pour lui proposer des films. Celui qui retiendra son attention sera le troisième volet de l'un de ses films préférés, Alien. Commence pour Fincher un cauchemar incroyable.

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