jeudi 5 janvier 2012

Life and Art of David Fincher - Naissance d'un artiste


A l'heure où le neuvième opus cinématographique du réalisateur se prépare à envahir les écrans, la presse et les discussions, revenons un instant sur la carrière de celui qu'on considère aujourd'hui comme le plus grand perfectionniste d'Hollywood, et par là même l'un de ces plus grands cinéastes.

Si l'on devait caractériser Fincher et son cinéma, on évoquerait directement la perfection de la mise en scène, le perfectionnisme, l'absence de compromission...

Fincher n'a signé que 9 films, en presque 20 ans. Pourtant Fincher est cinéaste depuis bien plus longtemps, dès le début des années 80. 1984, pour être exact, marque ses débuts à la mise en scène, mais revenons en arrière encore un peu.

L'éducation d'un prodige.

Démarrons à la naissance du monsieur, en 1962. Son père travaille pour la revue Life, sa mère dans un centre de désintoxication. Ses parents, d'après le réalisateur, lui parlent du travail, ne lui cachent rien. Aussi, les professions spécifiques des deux parents préparent le réalisateur au monde de façon plutôt sombre (ou réaliste), et on peut en capter le résultat dans le souci qu'il a de coller à la réalité, qui à tendre vers le sombre, le morbide.

L'enfance de Fincher se résume malgré tout à une vie banlieusarde, paisible, qui ne sera réellement perturbé que lorsqu'un tueur en série menacera de tirer sur les cars de l'école. Cet homme, c'est le Zodiac Killer. De cette peur, qui symbolise pour le réalisateur la fin d'une époque pour la Californie de son enfance (la fin du summer of love), Fincher fera un film, comme pour conjurer une angoisse tapie au fond de lui.

L'autre fait marquant de son enfant, se sont les séances de cinéma avec son père, qui l'emmène très jeune découvrir les chefs d'œuvre de l'époque. Il raconte ainsi s'être retrouvé très jeune devant des films tels que La planète des Singes, Bullitt, 2001, l'odyssée de l'espace ou Butch Cassidy et le Kid. L'anecdote de 2001 veut que Fincher fut fasciné de voir que le film n'avait pas de dialogue pendant une bonne partie du début, et de comprendre le pouvoir de suggestion de l'image. Mais c'est Butch Cassidy et le Kid, de George Roy Hill, cinéaste qui exercera une grande influence sur lui, qui le bouleverse.

A l'époque, jeune, Fincher pensait que le cinéma se faisait rapidement, en direct, les comédiens agissant comme au théâtre. C'est en découvrant le making of, à la télévision, du film de George Roy Hill qu'il prend conscience de l'artillerie nécessaire à l'élaboration d'un film. Fincher attrape le virus.

Jeune, il espionne son voisin, George Lucas, à qui il livre le journal, et qui est alors le jeune réalisateur de THX1138 et d'American Graffiti. Le San Francisco de l'époque était la plaque tournante du nouvel Hollywood (Fief de Coppola) et Fincher, très jeune, se décide : il sera, comme tous ses camarades de classe, réalisateur. Il travaille ici et là sur des petits projets, tourne des films en super8 avec ses copains, et bosse comme projectionniste. Il raconte avoir passé des soirées à diffuser All That Jazz, de Bob Fosse, et y avoir compris l'art du montage, des choix de mise en scène, comme une école de cinéma juste pour lui. (il rendra bien plus tard hommage au film, le temps d'un clip).

A l'orée des années 80, Fincher plante ses études et parvient à se faire embaucher par ILM, la naissante compagnie de George Lucas, justement, spécialisé dans les effets spéciaux. Il travaille alors pour Indiana Jones et le temple maudit, Le retour du Jedi ou encore L'histoire sans fin de Wolfgang Petersen. Il filme des maquettes, et on croise encore son nom au fin fond des génériques. Fincher, alors, soutient mordicus vouloir passer vite de technicien à réalisateur. L'arrivée de MTV et sa demande en clip vidéo, ainsi que l'émergence de la publicité, lui offriront sa chance.


Fincher au générique du Temple Maudit et du Retour du Jedi

Fincher, en 1984 rassemble ses sous et tourne avec quelques collègues une publicité sur le cancer, pour l'association luttant contre cette maladie (il tournera d'autres spots contre le cancer, notamment pour l'association de la productrice Laura Ziskin).

Voir Smoking Foetus

La vidéo marque les esprits et permet à Fincher de se faire remarquer. Il tourne dans la foulée le documentaire "The Beat of the live drum" (devenu une oeuvre invisible, hélas) en 1985. Fincher devient réalisateur à temps pleins de clips et signe ses premières oeuvres.

Tout se met en place.

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