lundi 14 février 2011

Destruction through seduction


Voilà, ça y est, l'année cinéma, attendu en février, a commencé. Après un janvier moribond, février sonne les couleurs des sorties des oscarisables et avec eux d'un joli lot de films attendus, et notamment celui que j'attendais le plus, le nouveau film de Darren Aronofsky.

Le film m'avait accroché la rétine dès la première bande annonce, qui laissait entrevoir une histoire totalement "aronofskyenne", emprunte d'obsession, de folie, portée par des interprétations jusqu'auboutistes qui ne laisserait au spectateur que le temps de souffler une fois le rite achevé.

Darren Aronofsky a tourné 4 films, le premier, Pi, tourné en minimaliste (maman Darren faisant la cuisine pour l'équipe sur les pauses déjeuner), évoquait la quête d'un mathématicien obsédé par le nombre magique, qui sans le comprendre trouvait une formule qui le mettait (ou non) en danger. Le second, Requiem for a dream, mettait en parallèle les destinées de personnes face à l'emprise de la drogue, le film s'élevant et fonctionnant suivant un rythme musical menant à un crescendo étouffant. Le troisième, The Fountain, parlait d'amour absolu, et du conflit de trois hommes, à trois époques, résolus à devoir se sacrifier pour sauver l'être aimé. Le dernier, The Wrestler, Mettait en scène un catcheur au bout du rouleau, déclaré médicalement inapte à prendre des coups sur la gueule et qui sentait soudain le temps lui échapper.

L'obsession du temps qui passe, le perfectionnisme, l'emprise de la passion, la musique comme pression, le climax...Black Swan n'est que tout cela réuni, et si The Fountain semblait être l'oeuvre majeure du réalisateur, Black Swan l'est encore plus. En suivant le destin de la danseuse Nina, enfin désignée pour être en tête d'affiche, portée par une mère possessive et obsessionnelle, par un chorégraphe qui veut la pousser dans ses retranchements, Darren Aronofsky nous amène dans ses terres et nous y enfonce pour ne plus en sortir que quand se déroule le générique...

La vidéo qui suit, où le réalisateur parle de sa comédienne (il reçoit le BAFTA pour elle) en dit déjà long sur le travail de Natalie Portman.



Les mots du réalisateur en disent long sur l'implication, mais ils ne disent pas la moitié de ce qu'on pourrait dire sur l'incroyable, immense et délirante interprétation de l'actrice sur ce rôle. Laissant le spectateur transi, effrayé, tétanisé, Natalie Portman porte le film sur tous les plans, à tous les niveaux, dans toutes les formes que Nina peut revêtir, jusqu'au bout. Elle est aussi entouré d'un casting incroyable, Barbara Hershey en mère terrifiante (les "portraits" déformés de sa fille, en passant, sont une des idées les plus incroyables du film), Mila Kunis en pendant négatif et le (toujours) génial Vincent Cassel en dominateur acharné dont on ne sait jamais vraiment où se situe son implication dans la transformation de Nina et son égoïsme...

Black Swan est un chef d'oeuvre intemporel qui prouve par son succès (confirmé partout, notamment aux USA, où le film dépassera la barre symbolique des 100 millions de $ de recette) que ce genre de film, exigeant, intelligent, amenant des émotions tout autre que banales au spectateur, peut non seulement être un succès, mais se révéler un véritable phénomène.

Ne le ratez pas, il faut vivre ça. Un film immense, une oeuvre déjà quasi indépassable pour démarrer l'année.

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