lundi 16 avril 2012

Vu dans l'avion: l'amour dure trois ans


Disons le d'entrée: je ne pense pas qu'il y aura, cette année, film plus mauvais et agaçant que l'amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder.

Autre constat: un bon auteur, même avec un appuie solidaire de bons amis et du renfort technique, ne fait pas forcément un grand cinéaste. D'ailleurs, en écrivant ces lignes, je n'en trouve aucun qui me vienne en tête.

Coucher un style sur le papier, le réussir, ne veut pas dire qu'il fonctionnera sur grand écran. Après l'étonnant 99 francs, je ne jetais pas la pierre d'entrée à Beigbeder sur ce film (encore) autobiographique où l'homme-people-écrivain rencontre l'amour durable et lui confronte ses propres lubies et son mode de vie volage, fait de désir et d'envie sans penser à demain.

L'amour dure trois ans, c'est d'abord une erreur de casting. Un ami s'était écrié "Gaspard Proust, arrête le cinéma" après avoir vu le film en janvier dernier. Et bien...Oui, ça serait une idée. Mais j'ai du mal à jeter en bloc l'interprétation horripilante de Proust vu que la direction de Beigbeder doit ressembler à celle de Branagh sur Celebrity (Branagh n'a obtenu la bénédiction d'Allen qu'au moment où il a commencé à l'imiter outrancièrement...ceci dit, à la décharge des deux hommes, Branagh est un autre calibre que Gaspard Proust), soit un manque sévère de liberté dans le jeu.

Le fait est que ce personnage est imbuvable, littéralement. Le jeu de l'acteur renforçant chaque trait horripilant, on passe le film avec la volonté d'éteindre, mais la rigueur nous force à continuer. On passe à tous les niveaux de nullité: Nicolas Bedos a un micro-pénis (...), Joey Starr tombe amoureux d'un surfeur blond, mais attention il n'est pas pédé hein, il en a juste marre des nanas (...), Bernard Menez (ah oui) incarne un vieux père qui déglingue (si, c'est dit comme ça) une jeune asiatique (oui, c'est tout) et je termine par Jonathan Lambert qui épouse Frédérique Bell qui parle en anglais pour faire jouir son homme et lui donne un enfant black (...). Et je passe sur les citations auteuristes (commencer son film sur Bukowski, faire défiler les intellectuels français...)

N'en jetons plus. On pourrait sauver Louise Bourgoin du désastre, vu qu'elle est à peu près hors des affreux clichés que l'auteur nous offre en dehors, mais on ne le fera pas, vu que bon, la miss n'a pas grand chose à offrir d'autre que son sourire...Et on est sincèrement triste de voir Valérie Lemercier là dedans.

Il a voulu faire une forme de comédie romantique au ton caustique, n'a pas pu éviter le passage "grand journal" (alors que bon, Ariane Massenet, c'est la cerise sur le gâteau de vomi), et livre au final un peu le pire du pire...Jamais là où il aurait pu être, la faute au style, à une note d'intention qui frôle le désastre, qui cache un manque de sincérité dans ce qui y est dit, ou alors une volonté de se cacher, de se démarquer, d'être soi-même unique.

Sauf qu'à trop vouloir se démarquer on atterrit parfois dans la merde.

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